Québec, Ville du patrimoine mondial
La ville de Québec, inscrite en 1985 comme le premier ensemble urbain d'Amérique du Nord sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, se distingue par son emplacement spectaculaire sur une falaise surplombant le fleuve Saint-Laurent, ses fortifications, ses rues étroites et sinueuses, ainsi que ses édifices historiques évoquant quatre siècles d'histoire. Québec incarne un mélange unique de tradition et de modernité, et d’influences françaises et anglaises, reflétées dans son paysage urbain et son architecture.
Le guide Mendel, Québec, Ville du patrimoine mondial, présente justement une captivante introduction à l’histoire de Québec, de ses plus importants monuments, et des symboles et institutions du Vieux-Québec. En voici quelques exemples.
Le monument à Samuel de Champlain
Samuel de Champlain, fondateur de Québec en 1608, se distingue par sa vision audacieuse et sa détermination inébranlable. D'abord animé par l'espoir de trouver une route vers l'Orient via le fleuve Saint-Laurent, Champlain évolue vers la conviction que Québec pourrait devenir la capitale d'une colonie française en Amérique du Nord.
Malgré ses responsabilités commerciales, il reconnaît le potentiel de la région et s'engage dans des explorations incessantes, forgeant des alliances avec les peuples autochtones. Son dévouement se reflète dans les multiples voyages transatlantiques qu'il entreprend pour convaincre les autorités françaises de soutenir ses projets. En tant que lieutenant du cardinal Richelieu, Champlain jette les fondements de la Nouvelle-France.
Le monument érigé en son honneur en 1898, bien qu'incarnant l'image légendaire du grand explorateur, révèle paradoxalement l'absence de connaissance de son apparence réelle. Conçu par des artistes parisiens, il témoigne de l'influence de la capitale française dans la représentation de cette figure historique.
La place d’Armes
La place d'Armes, au cœur du Vieux-Québec, résonne d'histoire et d'animation, témoignant de son passé militaire et de sa transformation urbaine au fil des siècles. Autrefois lieu de rassemblement stratégique pour les troupes défendant les murs de la cité, elle abrite aujourd'hui des attractions touristiques et des édifices emblématiques comme le Château Frontenac et la cathédrale anglicane Holy Trinity.
Conçue dans les années 1640 sous l'égide du gouverneur Montmagny, la place d'Armes suivait un plan radial, avec le fort Saint-Louis comme pivot, témoignant de la volonté de créer une cité organisée et défendable. Les rues s'étendant comme des rayons depuis la place centrale sont toujours visibles dans le tissu urbain actuel, tout comme les vestiges de l'architecture militaire du passé, rappelant ainsi l'évolution dynamique de Québec à travers les siècles.
Le Château Frontenac
Dès son inauguration en 1893, le Château Frontenac est devenu le symbole emblématique de Québec, représentant non seulement la ville mais également le symbole de tout un pays. Imaginé et dirigé par William Cornelius Van Horne, président du Canadien Pacifique, cet édifice majestueux incarnait l'ambition de la société ferroviaire de dominer le marché des hôtels de luxe. Conçu par l'architecte américain Bruce Price, le Château Frontenac adopte une architecture romantique inspirée des châteaux européens, avec des tours coniques et un toit de cuivre, contribuant ainsi au développement du style château qui influencera l'architecture à travers le Canada. Au fil des décennies, l'hôtel a été agrandi et modernisé par plusieurs architectes successifs, tout en conservant l'esprit initial de Price, témoignant ainsi de l'évolution de l'architecture et du tourisme au Canada.
Le Château Frontenac est également le témoin de l'essor du Canadien Pacifique, qui non seulement construisit des lignes ferroviaires à travers le pays, mais établit également un réseau mondial de paquebots de luxe reliant l'Europe à l'Asie via le Canada. Ce développement a attiré une clientèle aisée en provenance de l'étranger, contribuant ainsi à la prospérité économique du pays. L'hôtel a également été le lieu de rencontres historiques, notamment les conférences de Québec de 1943 et 1944, où des dirigeants mondiaux se sont réunis pour discuter de la stratégie alliée pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, le Château Frontenac demeure un lieu emblématique et un symbole de prestige, accueillant des visiteurs du monde entier et perpétuant l'héritage architectural et historique du Canada.
La terrasse Dufferin
La terrasse Dufferin, offrant une vue panoramique sur la Basse-Ville et le fleuve Saint-Laurent, est un joyau urbain qui s'impose comme l'un des plus beaux espaces d'Amérique du Nord, résultant de l'évolution d'un site autrefois occupé par le château Saint-Louis, résidence des gouverneurs pendant deux siècles. Après l'incendie de la résidence en 1834, la terrasse fut ouverte au public par décision du gouverneur général lord Durham, rebaptisée plus tard terrasse Dufferin en hommage à lord Dufferin. Cette promenade pittoresque présente des symboles représentant les peuples fondateurs du Canada et est parsemée de vestiges archéologiques, notamment ceux du fort Saint-Louis et du château Saint-Louis, découverts lors de fouilles entre 2005 et 2007. Les découvertes comprennent des éléments tels qu'une glacière datant de 1771, illustrant l'ingéniosité des techniques de conservation alimentaire de l'époque, offrant ainsi aux visiteurs une plongée fascinante dans l'histoire de Québec.
Les canons
Les canons à Québec, majoritairement britanniques, étaient destinés à la défense de la ville et comprenaient également deux canons russes, identifiés par les armoiries des Romanov, capturés lors de la guerre de Crimée dans les années 1850. Ces trophées de guerre symbolisaient la victoire, certains étant fondus pour créer des médailles comme la Croix de Victoria. L'intégration parfaite des canons russes dans les affûts britanniques découle d'une collaboration entre la fonderie Carron en Écosse et la Russie au 18e siècle, incarnée par Charles Gascoigne, qui, après s'être établi en Russie, contribua significativement à l'amélioration de la production d'artillerie russe. En outre, ces canons britanniques présentent des caractéristiques spécifiques, telles que des anneaux à l'arrière pour atténuer le recul lors du tir et assurer leur sécurité pendant le transport en mer, donnant ainsi naissance à l'expression "loose cannon" pour décrire une personne imprévisible.
Le jardin des Gouverneurs
Le jardin des Gouverneurs à Québec, originellement un jardin privé aménagé à la française pour les gouverneurs, est devenu un parc public après l'incendie de la résidence du gouverneur en 1834. Cet espace verdoyant, maintenant géré par Parcs Canada, abrite le monument à Wolfe et à Montcalm, un obélisque érigé en mémoire des généraux décédés lors de la bataille des plaines d'Abraham de 1759. Ce monument, unique en son genre, symbolise l'union des vainqueurs et des vaincus. La cérémonie de pose de la première pierre de l'obélisque en 1827 a été marquée par la présence du dernier vétéran de la bataille, James Thompson, un homme vénérable et respecté pour ses contributions militaires et son rôle dans les travaux de fortification de Québec.
La maison Jacquet
La maison Jacquet, actuellement un restaurant, représente la plus ancienne demeure de Québec, avec sa partie originale datant de 1675 et agrandie en 1699, suivie d'une extension en 1820. Son toit à forte pente reflète l'architecture du 17e siècle, tandis que la section ajoutée au 19e siècle arbore un toit à pente plus douce. La construction témoigne des progrès dans les méthodes de chauffage et d'isolation, permettant des espaces intérieurs plus vastes. Autrefois résidence d'artisans renommés, comme Pierre-Noël Levasseur, sculpteur de la chapelle des Ursulines, la maison Jacquet illustre l'évolution architecturale et sociale de la Haute-Ville de Québec aux 17e et 18e siècles.
Le monastère des Ursulines
Le monastère des Ursulines, fondé en 1639, est l'un des plus anciens établissements éducatifs de Québec, abritant toujours une école réputée pour les jeunes filles. Pendant des siècles, les religieuses vivaient cloîtrées, consacrant leur vie à Dieu avec peu de contacts extérieurs, même si aujourd'hui, l'école anime les vastes cours et ailes du monastère. La chapelle des Ursulines, divisée en une partie publique et une réservée aux religieuses, renferme des trésors artistiques et des reliques historiques, telles que la sépulture du marquis de Montcalm. Avec ses ornements baroques, le retable illustre les histoires saints, tandis que le musée conserve des broderies exquises et des artefacts relatant la vie monastique.
Le tracé des rues
Les rues sinueuses et les édifices de formes étranges qui ceinturent la propriété des ursulines à Québec ont été largement influencés par un ruisseau désormais disparu, comme le révèle une carte datant de 1685. Ces cours d'eau anciens ont dicté le tracé des rues et les limites des propriétés riveraines, expliquant ainsi la configuration singulière de certaines maisons, dont une s'étire en éventail vers l'arrière et une autre épouse la courbe d'un ancien méandre. Ce phénomène illustre comment la topographie naturelle a souvent façonné l'urbanisme des villes historiques, comme Québec, qui, avec ses rues tortueuses et son caractère européen ancien, témoigne de son passé stratégique et de son lien vital avec les voies navigables, conformément aux traditions urbaines observées ailleurs en Amérique du Nord.
La cathédrale Holy Trinity
La cathédrale Holy Trinity, érigée entre 1800 et 1804, représente un chef-d'œuvre d'architecture coloniale britannique, étant la première cathédrale anglicane construite hors des îles britanniques. Conçu par les officiers britanniques, le capitaine William Hall et le major William Robe, la cathédrale s'inspire de l'église londonienne de Saint-Martin-in-the-Fields. Bien que sobre en comparaison, elle témoigne d'une adaptation aux contraintes locales, comme en témoigne la modification du fronton pour contrer les rigueurs hivernales. Les proportions harmonieuses de l'intérieur reflètent une connaissance approfondie des principes de l'architecture classique. Les officiers britanniques, formés à diverses disciplines, ont montré leur polyvalence en concevant cet édifice remarquable, illustrant ainsi la fusion entre l'Empire britannique et le Québec francophone. Les ornements intérieurs, tels que les vitraux et l'orfèvrerie liturgique, ainsi que les plaques commémoratives rappelant l'histoire coloniale, enrichissent le patrimoine de la cathédrale, tandis que des détails tels que les armoiries royales et épiscopales incarnent les liens entre la Couronne et l'Église.
La place de l’Hôtel-de-ville
La place de l’Hôtel-de-ville, au cœur du Vieux-Québec, incarne l'essence des places publiques européennes anciennes, offrant un lieu de rassemblement historique pour la population. Bordée par des édifices emblématiques comme la basilique Notre-Dame et l'hôtel de ville, elle témoigne de l'interaction entre le pouvoir religieux et civil. Autrefois un marché public vital, elle était le centre de la vie commerciale où les résidents se procuraient des provisions et échangeaient des nouvelles. Bien que le marché ait disparu en 1875, la place reste un lieu de rencontre animé où les résidents et les travailleurs se croisent, échangeant des conversations et profitant des spectacles des amuseurs publics, soulignant ainsi le caractère vivant et social du Vieux-Québec.
L’hôtel de ville
L'hôtel de ville de Québec, érigé entre 1895 et 1896 sur le site de l'ancien collège des Jésuites fondé en 1635, porte les vestiges de son passé historique. Des fouilles archéologiques ont révélé les tombes des prêtres jésuites et les fondations de l'église démolie en 1807, tandis que des découvertes plus récentes ont mis au jour des squelettes supplémentaires. Conçu par l'architecte Georges-Émile Tanguay, l'hôtel de ville mêle les influences françaises et américaines, présentant une façade symétrique avec des éléments architecturaux distinctifs, tout en conservant des symboles jésuites, dont le monogramme IHS, soulignant ainsi son riche héritage historique.
Le monument à Taschereau
Au cœur de la place de l'Hôtel-de-Ville se trouve un monument dédié à l'archevêque Elzéar-Alexandre Taschereau, premier cardinal canadien, érigé en 1923 après un concours international et créé par les sculpteurs français André Vermare et Maxime Roisin. Les bas-reliefs illustrant des moments significatifs de la vie de Taschereau, tels que son rôle éducatif au séminaire de Québec et à l'Université Laval, son dévouement envers les malades pendant l'épidémie de typhus de 1848, et son engagement dans la dévotion au Saint-Sacrement, reflètent son influence durable. De plus, le monument revêt une importance particulière en raison de la contribution ultérieure des artistes à la reconstruction de Notre-Dame de Québec après l'incendie dévastateur de 1922, symbolisée par la recréation du baldaquin sculpté par François Baillairgé.
Notre-Dame de Québec
Notre-Dame de Québec, érigée en 1647 puis élevée au statut de première cathédrale catholique au nord du Mexique en 1674, a joué un rôle central dans l'histoire religieuse de l'Amérique du Nord. Malgré les destructions causées par les bombardements britanniques en 1759 et un incendie dévastateur en 1922, l'église a été reconstruite à plusieurs reprises, conservant son importance en tant que cathédrale et basilique. Les travaux de rénovation, menés par des architectes et des artistes tels que François Baillairgé et Thomas Baillairgé, ont préservé l'architecture néoclassique de la façade ainsi que des éléments remarquables tels que le baldaquin et l'autel. La famille Baillairgé, notamment Jean, François, Thomas et Charles, a joué un rôle crucial dans la reconstruction et l'ornementation de l'église au fil des siècles. En outre, Notre-Dame de Québec abrite une riche collection d'orfèvrerie, dont un calice et une patène du 17e siècle, reflétant sa longue histoire et son importance liturgique.
Le séminaire de Québec
Le séminaire de Québec, fondé en 1663 par François de Laval, est une institution majeure de la Nouvelle-France. Initialement établi pour former des prêtres diocésains et établir des paroisses, le séminaire s'est développé au fil des siècles, élargissant son rôle pour inclure la formation de jeunes à la prêtrise et la fondation de l'Université Laval en 1852. Malgré des changements tels que le déménagement de l'université vers la banlieue de Sainte-Foy dans les années 1950, certaines parties du séminaire sont toujours actives, comme l'École d'architecture. L'architecture du séminaire reflète l'ère de la Nouvelle-France, tandis que ses chapelles et reliques témoignent de son importance spirituelle. Aujourd'hui, le séminaire de Québec conserve son histoire et son héritage tout en continuant d'évoluer pour répondre aux besoins de la société contemporaine.
Pour en savoir plus
Aperçu des questions du quiz
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Quelle agence des Nations unies a inscrit l'arrondissement historique de Québec sur sa liste du patrimoine mondial en 1985?
L'OIT | L'UNESCO | L'UNICEF | L'OMS -
Quelle compagnie, symbole de la promotion du tourisme au Canada, est à l'origine de la construction du Château Frontenac?
La Compagnie de la Baie d'Hudson | Le Waldorf Astoria | Le Canadien Pacifique | Le Canadien National -
Quelle a été la première cathédrale anglicane construite hors des îles britanniques en 1804?
La cathédrale Christ Church | La cathédrale Holy Trinity | La cathédrale St George's | La cathédrale St Andrews -
Quel édifice a été construit en 1896 sur le site de l'ancien collège des Jésuites?
Le Château Frontenac | Le bureau de poste | L’hôtel de ville | L'Auberge Saint-Antoine -
Qui est le fondateur de Québec, représenté par un monument en bronze situé sur la terrasse Dufferin?
Jacques Cartier | Pierre-Esprit Radisson | René-Robert Cavelier de La Salle | Samuel de Champlain